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Nia Diedla (source) |
Un jour j’ai trouvé un jardin
Un jardin minuscule qui se cachait
dans un cageot de pommes.
J’ai posé mes pieds dedans…
Un jardin minuscule qui se cachait
dans un cageot de pommes.
J’ai posé mes pieds dedans…
Poème de Nia Diedla
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Photographie et poème de Nia Diedla |
Pour ce rendez-vous poétique que nous avons le jeudi avec Asphodèle, j’ai envie de vous proposer d’entrer dans l’univers photographique de Nia Diedla. Et oui, car chaque image de la jeune photographe Nia Diedla est poème et chaque texte qu’elle écrit est image. Et la poésie naît de « cette communion »entre la photographie et le mot.
"J'ai des images qui poussent dans ma tête...
Parfois, il me manque la langue pour les nommer
Parfois, il n'existe pas le mot, et je l'invente
Parfois..."
Nia Diedla : Triptyque |
Au festival photographique de Bordeaux Itinéraire des photographes voyageurs, Nia Diedla présente un travail intitulé Maleza, le journal de mes racines. La photographe est née à Santiago du Chili en 1979 et vit actuellement à Paris, entre deux pays, entre deux langues qu’elle « habite », entre le passé de ses aïeules qu’elle explore et son présent, entre le réel et l’imaginaire.
Mes aïeules quittèrent l’Europe en bateau, j’ignore lequel, et en quelle année. Mais ce que je sais, c’est que jamais elles ne revinrent. Sans doute, un peu d’elles est resté ici…Je les imagine comme de l’herbe sauvage, de celle qui pousse partout, et où je pousse moi aussi maintenant. La Maleza est sauvage, d’une beauté étrange et féminine, elle pousse dans des endroits où on ne l’attend pas, d’où on l’arrache, mais elle revient toujours, sans renoncer. Une fleur qui n’est pas une et pourtant qui l’est aussi.
NIa Diedla : Maleza |
La Maleza, cette fleur sauvage, mauvaise herbe qui croît partout et lance ses racines si profondément dans la terre que l’on ne peut l’en extirper, c’est la métaphore de ses ancêtres mais aussi, bien sûr, d’elle-même. Car Nia Diedla l'affirme. Elle aime la métaphore, et les images de l’exposition groupées en diptyque ou triptyque nous le confirment tout en nous murmurant son histoire, ses histoires…
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Nia Diedla : |
Femme-arbre, nervure de la colonne vertébrale, matière, tissu de la manche comme une feuille séchée, osmose entre la femme et l'arbre, rameaux, racines, vaisseaux sanguins qui se ramifient, envahissent le sol, le tapissent, le colonisent, irriguent les bronches, les poumons. Miracle de la vie qui surgit du passé pour se réincarner dans le présent.
Nia Diedla : Le poème photo ou la photo poème |
Maleza ou le journal de mes racines...
Elles poussaient de mes pieds, de mes bras, sortaient
par ma bouche, et par mes lèvres, caressaient mes joues, tiraient
mes cheveux... Nues, sauvages, elles tissaient leur maison dans
mes poumons, dans mes bronches.. Sans eau, elles s'étalaient
sur ma peau, dans mes yeux, même sur ma langue. Elles étaient
là, et pourtant personne ne pouvait les voir... Ces racines
étaient les miennes, j'avais trouvé ma maison, et elles me
tenaient debout.
Entrer dans l'univers de Nia Diedla, c'est se pencher sur ses images miniatures, intimistes, que l'on doit scruter pour qu'elles nous révèlent leurs secrets. Ainsi au fond de ce miroir vous pourrez découvrir si vous êtes attentif le visage effacé du passé, fantôme évanescent qui affleure à la mémoire des choses.
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Nia Diedla : Diptyque du miroir et de l'arbre (source) |
Face au miroir, l'arbre dialogue, renversé, abattu, déraciné, semble-t-il, enfouissant ses ramures au plus profond de la terre tandis que sa racine, fragile, pointe vers le ciel, bouleversement des perspectives qui réflète l'exil, le choc des cultures, de l'Europe au Chili, de l'Ancien Monde au Nouveau Monde, d'un continent à l'autre. Etrangeté. Quant à l'arrachement, il est là, marqué par ce petit liseré de dentelle, métaphore de la rupture.
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Nia Diedla : Diptyque du miroir et de l'arbre (source) |
Car l'exil est toujours une fracture profonde de l'être. Tout comme ses aïeules, mais ayant accompli le chemin inverse, Nia Diedla, elle aussi, est une femme coupée en deux, au double visage, une femme-fleur, une Maleza, Une fleur qui n’est pas une et pourtant qui l’est aussi.
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Nia Diadla Maleza |
Itinéraires des photographes voyageurs Bordeaux
du 1er au 30 Avril 2017
NIA DIEDLA
Maleza
Arrêt sur l’image galerie
Du mardi au samedi de 14H30 > 18H30
45 cours du médoc, 33300 BORDEAUX
Maleza
Arrêt sur l’image galerie
Du mardi au samedi de 14H30 > 18H30
45 cours du médoc, 33300 BORDEAUX