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Valentine Goby : Un paquebot dans les arbres

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Au milieu des années 1950, Mathilde sort à peine de l’enfance quand la tuberculose envoie son père et, plus tard, sa mère au sanatorium d’Aincourt. Cafetiers de La Roche-Guyon, ils ont été le coeur battant de ce village des boucles de la Seine, à une cinquantaine de kilomètres de Paris.
Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant est ruiné par les soins tandis que le placement des enfants fait voler la famille en éclats, l’entraînant dans la spirale de la dépossession. En ce début des Trente Glorieuses au nom parfois trompeur, la Sécurité sociale protège presque exclusivement les salariés, et la pénicilline ne fait pas de miracle pour ceux qui par insouciance, méconnaissance ou dénuement tardent à solliciter la médecine.
À l’âge où les reflets changeants du fleuve, la conquête des bois et l’insatiable désir d’être aimée par son père auraient pu être ses seules obsessions, Mathilde lutte sans relâche pour réunir cette famille en détresse, et préserver la dignité de ses parents, retirés dans ce sanatorium – modèle architectural des années 1930 –, ce grand paquebot blanc niché au milieu des arbres. (quatrième de couverture)

De Valentine Goby, j’avais beaucoup aimé Kinderzimmer, aussi est-ce avec plaisir que j’ai commencé Un paquebot dans les arbres. Mais je ne suis pas parvenue à entrer dans ce livre, ce qui m'a surprise.

En effet, le sujet me paraît extrêmement intéressant et me touche : d’abord, cette enfance dans un milieu populaire et ce dénuement dans lequel se trouvent les enfants de cette famille quand cette affreuse maladie s'abat sur les parents.
Ensuite, l’époque me parle. Je me souviens encore des années 50 si peu de temps après la seconde guerre mondiale, dans les quartiers ouvriers de Marseille où je vivais. Enfin la tuberculose, cette maladie qui a tellement endeuillé ma famille entre les deux guerres mais que je croyais complètement éradiquée en 1950 après la découverte de la pénicilline. Les enfants en âge scolaire étaient extrêmement bien suivis, je m’en souviens, et passaient des radios pulmonaires chaque année. D’où mon étonnement ! On peut encore mourir de la tuberculose dans les années 1950 en France!
Tout était donc réuni pour que j’adhère complètement à ce roman. Et ceci  d’autant plus que Valentine Goby s’est très bien documentée sur tout ce qui touche la tuberculose, le sanatorium et l’Histoire de cette période dans laquelle se déroule le récit qu'elle inscrit dans les grands évènements du siècle, en particulier la guerre d'Algérie.

Et pourtant, je n’ai pas aimé ! Je n’ai même pas eu envie de le terminer et l’ai abandonné peu avant la fin mais le pire c’est que je me suis longtemps demandé pourquoi. Pourquoi? C’est cette question qui me pousse à reprendre mon billet.

D’abord, il y a ce récit fait au présent de narration que je n’aime pas même si c’est la mode chez les écrivains français actuels. Moderne, certes. Un style cinématographique pourrait-on dire ? mais je trouve beaucoup plus riche l’emploi du présent lorsqu’il apparaît dans un récit au passé et permet d’utiliser toutes les nuances de ce temps. Cela fait plusieurs fois que je constate mes réticences à ce sujet mais avec certains romans j’arrive à dépasser cette gêne et à entrer dans le livre comme pour Kinderzimmer qui, si je me souviens bien, est aussi au présent.
J'ai trouve le style de Un paquebot dans les arbres froid, avec ces petites phrases courtes, qui claquent sèchement et établissent une distance avec le personnage. Aucune émotion. Du coup le roman qui s’inspire d’une histoire familiale vraie devient un peu trop démonstratif. La jeune fille n’est plus un personnage de chair et de sang mais agit presque mécaniquement, elle devient à mes yeux une incarnation plus qu’un être vivant, un symbole donc de ce qu’il y a d’inhumain dans cette société.

Elle écoute prend acte, s’en va. C’est un vendredi soir. Elle rentre chez elle, elle aperçoit le scooter de Mathieu…
Il quitte Mathilde. Il est triste, il dit. Il ne lui en veut pas. il veut vivre autre chose. Comme la secrétaire il pose sa main sur la main de Mathilde, elle se laisse faire..

Je comprends ce désir de ne pas tomber dans le pathos surtout avec une histoire aussi déchirante et révoltante : ces malades abandonnés par la société, ces enfants qui ne reçoivent aucune aide … mais à force de froideur, il n’y a plus d’empathie.
Je sais bien que je me place a contre-courant de tout ce qui est dit sur ce roman qui a été très bien accueilli et j’en suis la première déçue mais, enfin, voilà mon ressenti personnel.


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