Dans Le prince travesti de Marivaux, le prince de Léon décide sous le nom d’emprunt de Lélio, simple gentilhomme, de visiter le monde. La princesse de Barcelone s’éprend de lui et charge Hortense, sa parente, de parler pour elle et de lui servir de messagère. Mais Hortense reconnaît en Lélio celui qui l’a sauvée jadis et qu’elle n’a pu oublier. Il en est de même pour le jeune homme. Tous deux s’aiment même si Hortense lutte contre cet amour pour ne pas trahir sa maîtresse, souveraine assez ombrageuse dont elle a peur. Quant à Arlequin, valet de Lelio, il est acheté par un ministre de la princesse et prêt à trahir son maître.
Dans cette pièce, chacun porte un masque et n’est pas ce qu’il paraît être. Le prince de Léon a pour réplique le roi de Castille qui lui aussi a pris un déguisement pour observer la princesse dont il a demandé la main. Chacun avance masqué; chacun épie l’autre voire le trahit.
Sur scène, des miroirs qui reflètent les personnages et les multiplient, témoignent de ces faux-semblants. Revêtus de somptueux costumes, les acteurs interprètent cette comédie des apparences.
Mais j’ai été déçue par la mise en scène de Daniel Mesguish que j’ai trouvée trop lourde : et d’abord avec cet accompagnement musical qui ponctue les scènes comme des coups de tonnerre avec une insistance irritante comme si le spectateur n’était pas capable de comprendre l’importance de ce qui est dit ; ensuite, avec le jeu trop précieux, trop appuyé voire mélodramatique de certains acteurs comme celui de la suivante Hortense ou encore avec le comique franchement trop répétitif du domestique Arlequin qui ne cesse de s’aplatir sur la scène pour mieux nous faire comprendre sa servilité. Cela pourrait être un peu plus subtil. Je n’ai pas retrouvé la retenue, la nuance, la finesse (et la profondeur) de la langue et de l’analyse psychologique de Marivaux et j’ai préféré le jeu plus sobre de Lelio et de la princesse ( même si je n’ai pas compris le revirement de cette dernière présentée comme cruelle et redoutable et qui d’un seul coup fait preuve de clémence au dénouement..).
En un mot, le spectacle ne m'a pas convaincue.