Quantcast
Channel: Ma Librairie
Viewing all articles
Browse latest Browse all 1252

Victor Hugo : Claude Gueux

$
0
0




Dans son livre Claude Gueuxécrit en 1834, Victor Hugo s’empare d’un fait divers pour écrire un plaidoyer contre la peine de mort comme il l'a fait avec Le dernier jour d’un condamné. Mais il enfourche aussi un autre cheval de bataille qui est celui de l’éducation du peuple.

Claude Gueux, pauvre ouvrier illettré, vole de la nourriture pour nourrir sa compagne et son enfant quand le travail vient à manquer; il est condamné à cinq ans de prison. Enfermé, grâce à son intelligence et son charisme, il parvient à exercer un ascendant sur les autres prisonniers dont il devient le chef naturel et qu’il encourage au travail. Ce succès lui vaut l’inimitié du directeur qui pour se venger, le sépare de son compagnon de cellule, Albin, qui partageait son pain avec lui et qu’il aimait comme un fils. La colère de Claude Gueux fera de lui un assassin et le conduira à l’échafaud..

Les causes de la révolte de Claude Gueux sont doubles : C’est l’injustice sociale assortie à la misère qui le conduit au vol, c’est l’injustice du directeur qui le mène au meurtre. Or Claude Gueux est prêt à donner sa vie pour une cause juste. Victor Hugo dénonce ici le harcèlement moral, aussi grave que la provocation physique, et les mauvais traitements infligés en prison.
Je suis un voleur et un assassin; j’ai volé, j’ai tué. Mais pourquoi ai-je volé? pourquoi ai-je tué? Posez ces deux questions à côté des autres, messieurs les jurés s’écrie Claude Gueux lors de sa défense.
Victor Hugo lance un appel vibrant aux institutions pour supprimer la peine de mort comme cela a déjà été fait pour la flétrissure -le marquage au fer rouge-, et le bagne. La lutte contre le vol et le meurtre doit passer, affirme-t-il, par l’éducation du peuple. Or, il est impossible au peuple, dans la France des années 1830, de fréquenter l’école qui ferait pourtant de chaque homme un être conscient, intelligent, capable de dominer ses instincts et d’agir selon le bien.

Et dès la première page du récit, une phrase nous laisse entrevoir l’intention de l’auteur :
L’ouvrier était capable, habile, intelligent, fort maltraité par l’éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire, sachant penser »
C’est pourquoi Hugo s’adresse aux ministres et aux députés pour leur démontrer la nécessité d’agir :
Une bonne éducation au peuple. Développez de votre mieux ces malheureuses têtes, afin que l’intelligence qui est dedans puisse grandir.
Les nations ont le crâne bien ou mal fait selon leurs institutions. »

Le récit de Hugo est donc une démonstration tenant de la condamnation et du plaidoyer. S’appuyant sur un fait divers, il n’hésite pas, pour rendre son propos plus fort, à enjoliver la réalité, en idéalisant son personnage. Il le décrit comme un homme supérieurement intelligent, sage et avisé. Il faut que le lecteur soit du côté du condamné et en empathie avec lui.
On voit combien Victor Hugo était en avance sur son temps puisque l’instruction n’est rendue obligatoire et gratuite en France qu’en 1882 par Jules Ferry et l'abolition de la peine de mort n’a eu lieu qu’en 1981.
Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, arrosez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la; vous n’aurez pas besoin de la couper.

Lecture commune dans le cadre du challenge de Victor Hugo : un court roman au choix
Moglug :

Laure Micmelo : Le dernier jour d'un condamné

Nathalie : Burg-Jargal

Yves Jacob  : Claude Gueux

Claudialucia : Claude Gueux



Viewing all articles
Browse latest Browse all 1252

Trending Articles